« HARD CANDY » ©2008 Maverick Records / Warner Bros.
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Parution: 29 Avril 2008
Madonna, la Reine de la Pop, entre douceur et coups de poing avec Hard Candy
Après le succès de Confessions on a Dance Floor en 2005, son dixième album studio, Madonna jette son dévolu sur l’univers musical de Justin Timberlake. Fascinée par son style, elle l’invite à collaborer sur ce qui deviendra son onzième opus, Hard Candy – dernier chapitre de sa carrière chez Warner Bros. Pour ce projet aux sonorités dance-pop mâtinées d’influences urbaines, elle s’entoure également du rappeur Timbaland, du producteur Nate « Danja » Hills, du duo The Neptunes (Pharrell Williams et Chad Hugo) et même de Kanye West.
Madonna se livre dans un album qu’elle décrit comme autobiographique, entre sensualité, rébellion et introspection. Les textes, riches en doubles sens, explorent des thèmes aussi variés que l’amour, l’émancipation, la vengeance ou encore le désir. Le titre Hard Candy, clin d’œil à la coexistence de la force et de la douceur, s’accompagne d’un visuel percutant : une Madonna en boxeuse, prête à en découdre.
L’album sort officiellement le 18 avril 2008, précédé par une série de fuites et de rumeurs. Innovante, la star mise sur les technologies mobiles : plusieurs opérateurs téléphoniques préchargent l’album et ses singles sur leurs appareils, faisant d’elle l’une des premières artistes de renom à adopter cette stratégie.
À sa sortie, Hard Candy reçoit un accueil critique mitigé. Si certains saluent l’efficacité de ses rythmes dansants, d’autres reprochent à Madonna de s’effacer derrière ses producteurs vedettes, estimant que l’album ressemble trop à leurs précédents travaux. Pour une partie de la presse, la chanteuse semble délaisser son rôle de pionnière pour se conformer aux tendances du moment. Malgré tout, le succès est au rendez-vous : Hard Candy s’impose en tête des classements dans 37 pays, des États-Unis au Japon, en passant par le Brésil, et s’écoule à plus de quatre millions d’exemplaires. Il devient le onzième album le plus vendu de l’année 2008.
Trois singles en seront extraits, dont 4 Minutes, duo avec Justin Timberlake, qui conquiert les charts de 21 pays, atteignant la 3e place du Billboard Hot 100 et offrant à Madonna son 37e top 10 aux États-Unis. Give It 2 Me, autre titre phare, devient son 39e numéro un dans le classement Dance Club Songs de Billboard.
Pour accompagner la sortie, la star opte pour une promotion ciblée : mini-concerts au Roseland Ballroom de New York, à l’Olympia de Paris, et une apparition remarquée lors du Big Weekend de BBC Radio 1. Mais c’est avec le Sticky & Sweet Tour que Madonna frappe fort. La tournée débute à Cardiff en août 2008 et s’achève plus d’un an plus tard à Tel Aviv. Avec 411 millions de dollars de recettes (plus de 600 millions en valeur actualisée), elle devient, à l’époque, la deuxième tournée la plus lucrative de l’histoire.
Hard Candy : quand Madonna croise le fer avec Timbaland, Timberlake et Pharrell

Madonna et Justin Timberlake
En 2007, Madonna entame l’enregistrement de Hard Candy entre Los Angeles, Miami et Londres. Mais les débuts sont tendus. Habituée à un travail structuré en journée, la star doit composer avec des producteurs nocturnes et des egos bien affirmés. « Quatre divas dans une pièce », résume-t-elle avec humour.
L’écriture se révèle tout aussi délicate. Il faut apprivoiser l’autre, se livrer. Peu à peu, la glace fond, notamment avec Timberlake. Ensemble, ils développent une méthode organique : l’un propose une idée, l’autre la développe. Des chansons comme Devil Wouldn’t Recognize You et Miles Away naissent de ces échanges intimes, parfois comparés à des « séances de psy ».
Avec Pharrell, le processus est plus instinctif. Improvisation, percussions artisanales, énergie brute : leur collaboration donne naissance à Candy Shop, Give It 2 Me ou encore Spanish Lesson. Kanye West rejoint brièvement l’aventure pour un couplet express sur Beat Goes On.

Timbaland, Pharrell
Au final, Hard Candy marque une expérience enrichissante pour Madonna, qui confie avoir été poussée hors de sa zone de confort : « Cela m’a obligée à adopter des rythmes et des phrasés que je n’aurais jamais osé tenter seule. »
Hard Candy : entre fuites, provocation et stratégie pop
Le 26 février 2008, Entertainment Weekly dévoile le nom officiel du onzième album de Madonna : Hard Candy. Un titre à double tranchant, symbolisant selon son manager Guy Oseary « une juxtaposition de dureté et de douceur ». Madonna, plus directe, résume : « Je vais te botter le cul, mais ça va te faire du bien. »
Initialement, la chanteuse avait pensé à Candy Shop ou Give It To Me, mais abandonne ces options, déjà utilisées par 50 Cent et Timbaland. Elle envisage même un moment le titre Black Madonna, avant de renoncer à l’idée — trop provocante. Une séance photo dédiée, avec le visage maquillé de noir, reste finalement au placard : « Ça n’en valait pas la peine », dira-t-elle à Rolling Stone.
La pochette officielle, shootée par Steven Klein, adopte une esthétique boxe chic : Madonna, bottes montantes et ceinture de champion, trône devant un fond de spirales sucrées. Une image controversée, jugée par certains comme « une prise incomplète » plutôt qu’un visuel finalisé.
Avant même sa sortie, l’album connaît plusieurs fuites. Candy Shop circule dès juillet 2007, suivi de Beat Goes On et du single 4 Minutes, dévoilé en live par Timbaland en décembre. Le 21 avril 2008, soit une semaine avant la sortie officielle, sept titres fuitent en ligne. En réponse, l’album est mis à disposition sur MySpace en avant-première.
Hard Candy sort finalement le 28 avril 2008, avec une édition collector baptisée Candy Box, incluant deux remixes inédits et des bonbons à la menthe. Une sucrerie pop sous haute tension.
Hard Candy : un accueil critique en demi-teinte
Hard Candy a divisé la critique. Avec une note de 65 sur Metacritic, l’album reçoit des retours globalement favorables, mais loin de l’unanimité. Certains, comme Blender, Entertainment Weekly ou Digital Spy, saluent une pop efficace et dansante. D’autres, à l’image du New York Times, notent son manque de profondeur et son orientation résolument commerciale.
Plusieurs critiques reprochent à Madonna de suivre les tendances plutôt que de les créer. Pour NME, l’album est « solide, mais médiocre pour une icône de l’innovation ». D’autres évoquent une perte de personnalité au profit des producteurs stars — Timberlake, Timbaland, Pharrell — dont les signatures sonores éclipsent l’identité de la chanteuse.
La production est jugée datée et générique, trop proche des sons déjà popularisés par Nelly Furtado ou Britney Spears. Certains vont jusqu’à qualifier Hard Candy de « décevant », « impersonnel » ou encore « musicalement rétrograde ». Pour certains journalistes, il s’agit même de l’un des albums les plus faibles de sa carrière.