Madonna a reçu le 9 décembre le prix de Femme de l’année au Billboard’s Women In Music, événement qui salue chaque année la contribution d’artistes féminines dans le monde de la musique. La vidéo de son incroyable discours est devenue virale depuis plusieurs jours.
La chanteuse de 58 ans, qui succède à Lady Gaga, sacrée Femme de l’année en 2015, a débuté ses remerciements par une blague très osée: «Je me sens toujours mieux avec quelque chose de dur entre mes jambes», a-t-elle clamé alors qu’elle a dû s’adapter pour être à la bonne hauteur du micro.
Mais le reste de son message était lui empreint d’émotion et de force. «Merci de reconnaître ma capacité à continuer ma carrière depuis 34 ans, en présence d’un sexisme et d’une misogynie flagrants, d’une intimidation constante et de mauvais traitements incessants», a notamment affirmé la chanteuse.
Cette dernière a rappelé son arrivée à New York, en 1979, «un endroit effrayant». «Durant ma première année là-bas, on a pointé une arme sur moi, on m’a violée sur un toit avec un couteau planté dans ma gorge et mon appartement a été cambriolé tellement de fois que j’ai arrêté de verrouiller la porte. Dans les années qui ont suivi, j’ai perdu presque tous les amis que j’avais, à cause du sida, des drogues ou des armes», a-t-elle poursuivi sous les yeux d’invités qui semblaient retenir leur souffle devant cette incroyable énumération.
Ces événements sont à l’origine du caractère audacieux qu’on lui connaît, mais ils lui ont aussi rappelé sa vulnérabilité, a encore expliqué celle pour qui la seule solution était «de croire en soi».
En recevant ce prix, l’interprète de Ray of Light s’est demandé ce que voulait dire d’être une femme dans l’industrie de la musique: «Quand j’ai commencé à écrire des chansons, je n’avais pas en tête un but spécial, le féminisme. Je voulais seulement être une artiste. […] Ma vraie muse a été David Bowie, il incarnait tant le genre féminin que le genre masculin et ça m’allait très bien. Il m’a poussée à penser qu’il n’existait aucune règle. Mais j’avais tort: il n’y a aucune règle… si vous êtes un homme.»
Une femme doit suivre le «jeu» qu’on lui impose, estime ainsi Madonna: «On te permet d’être belle, mignonne et sexy. Mais ne joue pas à l’intelligente, n’aie pas d’opinion ou en tout cas pas une opinion qui remet en cause le status quo. Tu as le droit d’être considérée comme un objet par les hommes, habillée comme une pute. Mais tu n’as pas le droit de contrôler ta manière d’être une pute.» Un jeu qui impose aussi aux femmes de «ne pas vieillir, car vieillir est un péché».
Pour renforcer son propos, elle a comparé sa situation, dans les années 90, alors qu’elle venait de sortir son sulfureux album Erotica et son livre de sexe (ce qui lui a valu d’être insultée et même comparée à Satan), alors que pendant ce temps Prince s’habillait avec «des bas résille, des hauts talons et du rouge à lèvres, tout en montrant ses fesses». «C’est la première fois que j’ai vraiment compris que les femmes n’avaient pas la même liberté que les hommes», a constaté une Madonna au bord des larmes.
Critiquée par des féministes qui lui reprochaient de se présenter comme un objet sexuel, Madonna a mal vécu ces attaques avant de décider qu’elle serait «une autre sorte de féministe», une « »mauvaise » féministe». «Les gens me trouvent tellement controversée. Mais je pense que la chose la plus controversée que j’ai faite est de tenir bon», a estimé la chanteuse, sous les applaudissements.
Plusieurs artistes ont salué ces mots: sur Twitter, Lady Gaga a parlé d’un discours inspirant: «Tu es tellement courageuse et forte. Merci d’être ainsi pour nous, les filles, on a besoin de ça.»
Voyez le discours complet ici :
Lire aussi :
« Madonna, le sexe et l’âge » : un texte par Nathalie Petrowski (LaPresse+ : 14.12.2016)